Café-Jasette

vendredi 21 décembre 2012

Novembre veut ma peau

Les conférences Café-Jasette vous proposent, le vendredi 18 janvier 2013, à partir de 19h, au café La Petite Cuillère (3603 St-Denis, métro Sherbrooke) une rencontre avec Hélène Rompré, l'auteure du roman Novembre veut ma peau.


Novembre. Montréal est gris, froid, imprévisible. Un mois où l'on voudrait changer de vie.
Dans son univers bien rangé, Mathilde s’ennuie et attend un mari qui ne vient pas. L’amour qui ne s’annonce jamais, même si c’est injuste. C’est décidé, le temps file trop vite: elle épousera le premier candidat venu.
Carmen est également résolue. Fini les aventures sans lendemain. Persévérance, sobriété, vertu. La jeune femme ne dissipera plus sa jeunesse dans les pires clubs. Elle sourira même à son coloc en le croisant dans le corridor.

Programme de la soirée :

-Présentation de l'auteur et lecture d'extraits

-Micro ouvert, lectures thématiques sur l'amour, l'impact des saisons sur l'homme ou n'importe quel thème du roman.

-Le livre sera en vente sur place à prix promotionnel par la librairie Coop-UQAM.

lundi 5 novembre 2012

Et si le crime nous concernait tous?

Les conférences Café-Jasette vous proposent, dans le cadre de la semaine de la justice réparatrice, le mercredi 21 novembre, dès 19hau café La Petite Cuillère, 3603 St-Denis, une conférence intitulée : "Et si le crime nous concernait tous? témoignage d'une victime et d'un ex-détenu".




Faire justice réparatrice, c'est voir et aborder les crimes et les conflits principalement comme des torts faits à des personnes et à des relations (extrait de la définition du Service correctionnel du Canada).
La justice réparatrice s’intéresse autant aux agresseurs pour les aider à une prise de conscience de l’impact de leurs actes sur des personnes et sur la société, qu’aux victimes pour les aider à se libérer des charges affectives destructives causées par l’acte criminel. Elle a un impact communautaire important en resserrant le tissu social par la responsabilisation et la compréhension mutuelle des parties.
Il s'agit donc d'une perspective différente de la justice pénale.
La justice pénale se définit comme une atteinte à l'État tandis que la justice réparatrice vise la restauration du lien social que le crime a brisé.
Pour en savoir plus : http://www.csjr.org/
La conférence sera animée par Fabien Torres,  Sylvie Vanasse et Daniel Benson.


L'entrée est libre et gratuite, les contributions sont volontaires pour soutenir cette association dans son travail. On fait passer le chapeau!

mardi 16 octobre 2012

L'innocence des musulmans, ou comment le Moyen Âge a fait les manchettes à votre insu

Les conférences Café-Jasette vous proposent le vendredi 26 octobre, dès 19h, une conférence intitulée : ""l'innocence des musulmans", ou comment le Moyen Âge a fait les manchettes à votre insu".




Bernard Ducharme va aborder pour Café-Jasette les origines médiévales du fondamentalisme chrétien derrière ce film.

Ainsi, du VIIe siècle au XVIIe siècle, de Jean Damascène à Pedro Aznar Cardona, en passant par Riccoldo de Montecroce et Martin Luther, les critiques formulées par les Chrétiens à l'encontre de l'Islam sont répétitives, presque monotones. Les méthodes pour connaître l'Islam se ressemble, les auteurs se citent les uns les autres, ils répètent les même demi-vérités, les mêmes fables, les mêmes insultes. Mais tout cela, c'est du passé, serait-on tenté de croire. Si c'est le cas, internet est une véritable machine à voyager dans le temps. Sur les forums de discussion religieuse, les débats renouent avec les argumentations qu'échangent chrétiens et musulmans depuis des siècles. Et sur YouTube, la bande-annonce d'un film que personne ne semble avoir jamais vu provoque scandales, émeutes, et morts. Nous allons présenter les ressemblances et les différences entre ce film et les traités anti-musulmans du Moyen Âge et de l'époque moderne, et poser la question: comment se fait-il que ces traités médiévaux, aujourd'hui oubliés, se soient retrouvés sur nos écrans?

Pour vous donner une idée des thèmes abordés lors de la conférence, voici l'entrevue téléphonique de Bernard Ducharme avec :  Radio-Canada.





La conférence sera donnée par Bernard Ducharme, doctorant en histoire à l'Université de Montréal. Après une demi-heure de présentation, Café-Jasette vous propose un temps de débat et questions autour du film et du reste!

L'entrée est libre et gratuite, les contributions sont volontaires pour remercier le conférencier de son travail. On fait passer le chapeau!

dimanche 14 octobre 2012

Briser la glace


Il y a t-il meilleur sujet de conversation que le sport?  Simple, neutre et populaire, aucune raison que ça se passe mal, non? Pour la dernière partie du dossier d'Espace Public consacré au sport, M.,  nous démontre tout l'intérêt du sport comme lubrifiant social.


Briser la Glace


True story…

J’ai un client assis à côté de moi, je décide de faire la conversation pour tisser des liens, faire du PR comme on dit.
-      Vous venez d’où?
-      De Québec
Je me rappelle alors qu’Andrée Boucher vient d’être élue mairesse de notre capitale nationale. Supposant que mon dégoût est universel, J’enchaîne :
-      Ah oui? Moi je ne comprends pas ce qui se passe dans votre coin de pays. Avec les radios poubelles et la mairesse Boucher, je me demande vraiment ce qui se passe avec les gens de Québec.
-      J’ai fait parti de l’équipe électorale de Mme Boucher quand elle est devenue mairesse de Sainte-Foy…
Malaise…
Première leçon de PR, ne jamais parler de politique avec un client, à moins de savoir ce qu’il va dire. Non, je n’ai pas perdu le client : en fait, il m’a admis qu’il trouvait que Mme Boucher avait dérapé depuis son premier mandat et qu’elle était devenue, somme toute, mégalomane. Je l’ai échappé belle!
            Reste que s’il peut sembler évident que ce genre d’intervention polémique est généralement mal venue dans les relations d’affaires, l’éventail des sujets abordables lors d’échanges rapides peut rapidement devenir lassant. La température?
– Il fait beau hen?
– Il va pleuvoir demain.
– Avez-vous profité du beau temps cette fin de semaine?

            Vraiment le meilleur moyen de donner l’impression à quelqu’un qu’on n’a pas vraiment envie de jaser. Quand à moi, c’est plutôt un outil repoussoir pour éviter que la conversation se développe. Quelque chose de plus personnel? Le travail? La famille?

-      Vous faites quoi dans la vie?
-      Ça va bien au travail?
-      Vous avez des enfants? Ils ont quel âge?
Ou le très simple
-      Comment va la vie?
Meilleur moyen pour que votre patron, qui est dans sa crise de la quarantaine, vous parle de la décapotable qu’il vient d’acheter. À moins de s’y connaître en voiture, difficile de porter le ballon.
            Alors, en toute autorité, je me propose de vous expliquer comment aborder quelqu’un que l’on ne connaît pas : il faut trouver un sujet de conversation susceptible de stimuler les passions de votre interlocuteur (et possiblement la vôtre), tout en évitant les polémiques embarrassantes. On évite donc :
-      Pour moi, les Amish, c’est des gens qui aiment trop l’Halloween.
-      Je m’excuse, mais les juifs d’Outremont, ils conduisent mal.
-      Les délinquants, maintenant, on les laisse partir avec une petite tape sur les doigts, en leur disant de pas recommencer… Moi je suis pour la peine de mort!
-      Vous vous êtes fait checker les seins récemment? Il paraît que vous avez l’âge où les tumeurs apparaissent.
(Je ne vous dirai pas lesquelles de ces conversations j’ai dû soutenir…)
            Pour éviter les situations embarrassantes, parce qu’on n’est jamais à l’abri d’un manque de jugement qui nous met dans l’embarras, je vous suggère plutôt de parler de sport professionnel… Eh oui! Que vous aimiez ou non, difficile de trouver plus efficace pour toucher la fibre émotionnelle de quelqu’un sans risquer de le froisser aussi facilement qu’en parlant des Canadiens de Montréal, des Red Sox de Boston ou des Cowboys de Dallas. Je dirais même plus, si vous faites du PR à l’étranger, vous devriez en apprendre sur les résultats des équipes professionnelles dans la ville où vous allez :
-      Qu’est-ce que vous pensez du lock-out?
-      Vous pensez que les Red Sox vont faire mieux la saison prochaine?
-      Vous saviez que Pedro Martinez était à Montréal avant?
Avec le sport, même les blagues, les polémiques et les taquineries passent bien :
-      Pis, Lance Armstrong, drogué?
-      Savez-vous ce qu’on a à Montréal que vous avez pas à Toronto? Des photos en couleur de la coupe…
-      Jacques Demers est sénateur.
Une fille m’a déjà avoué qu’elle abordait des gars en leur demandant :
-      Pas fort ces-temps-ci Kovalev? (oui, ça fait quelques années)
Et dire que la LNH s’apprête à nous enlever un des seuls sujets passionnels disponibles pour briser la glace avec nos concitoyens…

Mais attention! Il paraît que les amateurs de soccer se battent et, parfois, se tuent, alors ne me tenez pas responsable si vous appliquez mes conseils avec trop de zèle. Les Européens et les Sud-Américains, ils sont d’une autre culture…

M.

vendredi 12 octobre 2012

Sport et nation

Dans ce deuxième volet du dossier d'Espace Public consacré au sport, Guillaume Tremblay traite des liens entre sport et nation. Couple improbable ou alliés naturels?  Le sport, activité internationale, arrive-t-il vraiment à transcender la nation? ou la construit-elle?


Sport et nation




« En des temps si lointains qu'les franco s'appellaient Canadiens
À une époque où les pucks étaient faites de crottin
On a réuni des hommes dont le destin commun est comme un film sans fin
En Technicolor, et tricolore :
Bleu comme le St-Laurent
Blanc comme l'hiver
Rouge comme le sang qui nous coule à travers
Le corps de l'équipe c'est le coeur de la nation
Et chaque année, faut clore avec une célébration »

- Loco Locass, Le but

L’idée de lier, de traiter conjointement nation et sport est loin d’être nouvelle. Le sport souvent s’incarne comme symbole politique, comme espace identitaire, comme point de rencontre diplomatique. Qu’on pense à la Série du siècle en pleine Guerre froide, à la demi-finale olympique de water-polo opposant, en 1956, Hongrie et Union soviétique (le fameux « Bain de sang ») dans la foulée de l’insurrection de Budapest, à la « Guerre du football » entre le Salvador et le Honduras, ou encore, qu’on pense au mythe du Rocket chez les Québécois ou à la victoire de l’Afrique du Sud lors de la coupe du monde de rugby en 1995, les exemples de rapprochements divers entre sport et nation ne manquent pas. Mais pourquoi un tel rapprochement ? Après tout, le sport est éminemment international, au sens où on le retrouve partout à travers le monde, au sens où il n’est pas l’apanage d’une identité nationale unique; il est aussi éminemment transnational, principalement avec la commercialisation du sport où les impératifs de victoires entrainent la majorité des équipes à recruter les meilleurs joueurs possible, d’où qu’ils viennent. Pourquoi, alors, le couple sport et nation est-il si évident ?
            Notons d’emblée que cette adéquation s’effectue à trois niveaux : chez l’individu d’abord,  par projection de  lui-même sur les sportifs  représentant la nation ou par projection des valeurs associées à la nation sur les équipes ou leurs représentants ; ensuite, au niveau étatique/médiatique où le sport devient un vecteur de propagande patriotique et/ou commerciale en jouant sur les sentiments d’appartenance et le désir d’émulation ; et enfin, simplement, au niveau structurel alors que la pratique du sport elle-même est, aux plus hauts niveaux – donc aux niveaux les plus médiatisés – organisée en des termes nationaux : équipes nationales, compétitions internationales. C’est principalement sur le deuxième niveau que nous allons nous pencher.
            Le monde du sport repose sur un complexe de valeurs que l’on retrouve, à des degrés divers, d’une discipline à l’autre ou qui parfois sont le propre de disciplines spécifiques. Arjun Appadurai parle de « forme culturelle dure » pour expliquer cet ensemble de liens entre valeurs, sens et pratique qui est difficile à briser ou à transformer et qui est, selon l’anthropologue,  jusqu’à un certain point le propre de tout sport régit par une série de règles. Cette forme culturelle dure est présente dans ces espaces sportifs « qui en viennent à contenir les valeurs morales centrales de la société qui les a produits. »[1] De là, il n’y a qu’un pas pour dire qu’à bien des niveaux, sports et nations partagent de nombreuses valeurs ou, pris d’une autre manière, un appareil symbolique partagé. Et ce lien symbolique fait assurément le jeu des États.
En effet, avec le sport et sa (sur)médiatisation, on baigne assurément dans le monde du symbole, de la métonymie perpétuée match après match. Tous les intervenants du milieu du sport, consciemment ou inconsciemment construisent, maintiennent et reproduisent ce lien entre sport et nation. Ceci est particulièrement flagrant dans les organismes officiels comme Sport Canada (et ses équivalents ailleurs sur la planète) et dans le monde des médias qui raffole de ce « nation building » que sont les Olympiques, le Mondial de soccer ou même les séries de la Coupe Stanley où les équipes canadiennes méritent toujours plus d’attention. Et cette multiplication de liens symboliques, forcée ou non, renvoient à une certaine construction identitaire.
Traitant du cas spécifique du Canada et du hockey, Tony Patoine écrit :

On dira donc que le hockey contribue à la construction nationale à tous les niveaux. C’est-à-dire qu’il participe, en première ligne, à la création d’une identité canadienne, d’une unité canadienne et d’un imaginaire national canadien, donc qu’il est partie prenante de la mythologie et de l’idéologie canadienne.[2]

Cette relation est dialogique, chacune des deux parties renvoyant à l’autre. On peut constater cette relation en suivant une fois de plus l’exemple canadien. En 2004, CBC lance un concours/sondage à l’échelle du pays visant à déterminer le plus grand (au sens d’important ou de significatif) Canadien de tous les temps. Le concours intitulé The Greatest Canadian – réalisé sans la participation de Radio-Canada, réduisant donc de manière significative la voix francophone dans la représentation de la « canadienneté », et imposant par le fait même une certaine vision de la nation – compte parmi ses dix finalistes trois personnalités du monde du sport. Trois sur dix ! Passons outre le fait qu’aucune femme ne se retrouve parmi les finalistes, qui ne comptent d’ailleurs qu’un seul Québécois, P-E Trudeau de surcroît, il semble particulièrement significatif qu’un concours visant à déterminer la personne qui incarne de la façon la plus admirable les valeurs de la nation canadienne ait 30 % de « sportifs » parmi ses finalistes (Wayne Gretzky, Don Cherry et Terry Fox).           
            Il faut dire que dans le lien symbolique unissant sport et nation et qui sert la propagande étatique, il est commode de jouer sur la personnification. Soit, plus encore que l’idée de faire paraître l’athlète comme un modèle à suivre pour le peuple par les valeurs qu’il (soit-disant) incarne (détermination, abnégation, courage, discipline, etc.), l’idée que l’athlète (ou l’équipe) incarne directement les valeurs de la nation, qu’il symbolise la nation même. Encore une fois, on est dans la métonymie. Ce qui rejoint pleinement les propos de Georges Minois parlant des héros, de leur construction, « Le grand homme que l’on vénère n’est jamais l’homme tel qu’il a vécu, avec ses défauts, ses petitesses, ses banalités. Ce que l’on vénère, c’est son image, celle qu’il a forgée avec son entourage et que la société accepte… »[3] Sport et nation construisent l’image l’un de l’autre.

Guillaume Tremblay


[1] Arjun Appadurai, Modernity at Large. Cultural Dimensions of Globalization, University of Minnesota Press, Minneapolis, 1996, p. 90.
[2] Tony Patoine, « “On est Canayen ou ben on l’est pas”. Hockey, Nationalisme et identités au Québec et au Canada » dans Normand Baillargeon et Christian Boissinot, La vraie dureté du mental. Hockey et Philosophie, PUL, Québec, 2009, p. 15.
[3] Georges Minois, Le culte des grands hommes : des héros homériques au star system, Louis Audibert, Paris, 2005, p. 9.

jeudi 11 octobre 2012

Le sportif, le flic et l’argent

Café-Jasette présente aujourd'hui un nouveau dossier d'Espace Public, consacré cette fois-ci au sport.

Ici Mehdi Dallali s'intéresse aux liens entre sport, pouvoirs public et argent. Quelles ont-été leurs relations à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle? quel modèle nous a-t-il été offert par le sport professionnel? et est-il à rejeter ou à conserver, face à une société que l'auteur choisi de présenter comme "malade du sport"?



Le sportif, le flic et l’argent


La détermination des juges dans la lutte contre la corruption, sans doute le fait politique majeur de ces dernières années, est le revers de l’incapacité de l’État administratif à imposer ses valeurs et son arbitrage[1].

Le vote, en 2006, par le parlement britannique du « London Olympic Games Act » a assuré le transfert d’une partie des pouvoirs régaliens du Royaume-Uni au Comité International Olympique (CIO). Celui-ci, ainsi que le comité organisateur, ont disposé d’agents de la force publique chargés de faire respecter la propriété intellectuelle de la marque « olympique ». À leur actif, entre autres, la fermeture d’un « Olympic  Kebab», l’interdiction de porter des T-shirts « Pepsi », Coca-Cola commanditant les épreuves, et le retrait des vidéos de campagne de Barack Obama et Mitt Romney mentionnant les Jeux Olympiques de Londres[2].

Cette délégation des pouvoirs de l’État aux instances sportives, par le biais de la propriété intellectuelle, pose immanquablement la question de sa pertinence. Pourquoi donner un blanc-seing à un CIO éclaboussé de manière récurrente par la corruption? Face à un monde sportif qui ne semble pas réussir à éliminer le dopage, qui s’organise même pour le minimiser ou le dissimuler, comme l’illustre les irrégularités des contrôles menées sur Lance Armstrong ; le retrait de l’État est-il là aussi à remettre en cause ?

Ne sommes-nous pas ainsi confrontés à une société, voire une civilisation, malade du sport ? L’exemple des J.O d’Athènes en 2004 illustre ce détournement de l’intérêt public. Ces olympiades ont en effet coûté neuf milliards d’euros au pays pour construire vingt-deux installations, dont vingt sont actuellement abandonnées faute de moyens[3]. Tout en faisant progresser la dette grecque, les travaux ont fait fuir les touristes, importante source de revenus du pays. Que reste-t-il donc sinon la gloire ? Or, tirer un prestige de l’organisation de J.O, comme du retour d’une équipe de hockey dans une ville, illustre le seul intérêt électoraliste d’un État malade.

Cette aliénation tient dans le dernier refuge du sacré que serait devenu le sport. Ce  dernier est ainsi devenu une « contre-société » idéale, inspirant une mythologie où n’aurait place qu’un idéal démocratique et pur face à l’effort sportif[4]. C’est bien la justice pourtant, et non les instances sportives, qui en 1998 a révélé les pratiques de dopage au sein du milieu cycliste. Ces révélations ont montré l’ampleur d’un phénomène touchant tant les milieux professionnels, que les milieux amateurs, sans pressions financières. La logique sportive d’amélioration de la performance à tous prix, brouille naturellement la frontière entre triche et entraînement scientifique. C’est ce véritable problème de santé publique, trahison structurelle d’idéaux sportifs contradictoires, qui impose, non pas un désengagement de l’État et une utilisation de la justice pour les intérêts des instances sportives, mais un vrai renversement de la logique appliquée au sport dans nos sociétés.

Un sport au service de la société, présentant tant une occasion d’épanouissement du sportif que de spectacle appelle un retrait des fonds privés, des sponsors dans le sport. La fin du sport professionnel implique une réduction des investissements publics dans un gigantisme servant les intérêts privés et un nationalisme de bas étage. C’est aussi moins d’argent dépensés dans la course aux produits dopants et « masquants ».

Oui également à un encadrement médico-légale des pratiques sportives, face à un milieu sportif incapable de cette rigueur. Il faut donc l’affaiblir et l’encadrer, ne plus permettre qu’il soit un « milieu » à part dans nos sociétés, pour le sauver de lui–même et éviter qu’il ne les affaiblisse.



[1] SALAS, D., « La République saisie par le justice », Le Monde, 18 septembre 1998, dans VIGARELLO, G., « Le sport dopé », Esprit, Janvier 1999, p.92.
[4] VIGARELLO, G., « Le sport dopé », Esprit, Janvier 1999, p.83.




dimanche 30 septembre 2012

Panoramix 2.0 : le druidisme à l'ère de facebook

La conférence de ce soir est annulée et reportée à une date ultérieure.




Les conférences Café-Jasette vous proposent le vendredi 12 octobre, dès 19h , au café La Petite Cuillère, 3603 St-Denis, une conférence intitulée : "Panoramix 2.0 : le druidisme à l'ère de facebook."









La conférence sera donnée par Nicolas Boissière, doctorant en anthropologie à l'UQAM.

L'entrée est libre et gratuite, les contributions sont volontaires pour remercier le conférencier de son travail. On fait passer le chapeau!

mardi 18 septembre 2012

Vidéos de la conférence d'Yves-Marie Abraham

Voici l'enregistrement de la conférence du vendredi 14 septembre 2012 intitulée : qu'est-ce que la décroissance soutenable? Yves-Marie Abraham, professeur à HEC Montréal, était venue à La Petite Cuillère pour nous parler de ce mouvement, de sa critique de la croissance, des contre-arguments qui étaient adressées à la décroissance et des différents programmes et pistes pour la mettre en place.

En raison de la durée de l'enregistrement, celui-ci a été divisé en quatre.







                                      







Nos élèves chez les marchands de doute

Les conférences Café-Jasette vous proposent le vendredi 28 septembre, dès 19h , au café La Petite Cuillère, 3603 St-Denis, une conférence intitulée : "nos élèves chez les marchands de doute : comment faire évoluer les perceptions?"


« Vivons-nous dans un monde libre ou contrôlé? ». On ne se surprendra pas que la réponse d'adolescents à cette question prenne la mesure de leur aliénation face au monde adulte. Véritable écho des rivalités de cour d'école et nourrie par les médias sociaux qui les informent, leur conception du monde est une caisse de résonance des faits occultes qui n'intéressent pas les grands médias -- sitôt discrédités à leurs yeux pour complicité intéressée. Ce qui marque ma pratique professionnelle, moi prof au secondaire, c'est que ces croyances sont difficilement altérables et qu'on y parvient très mal en persuadant. Dans ce café jasette, je me propose donc de raconter comment discuter efficacement de conspirationnisme avec des jeunes, introduisant une approche contre-intuitive fondée sur le dialogue.

La conférence sera donnée par Jean Desjardins, professeur d'histoire-géographie au secondaire.

L'entrée est libre et gratuite, les contributions sont volontaires pour remercier le conférencier de son travail. On fait passer le chapeau!

samedi 15 septembre 2012

Les "vraies affaires"

Si l'on devait définir un projet de société à partir de la précédente campagne électorale québécoise, qu'en retiendrait-on?
Quels furent les enjeux et les idées mises en avant? par qui et pourquoi? Qui les a défini?

C'est ce que se propose d'aborder, en partie,  M. à travers son texte : Les "vraies affaires". 



Les « vraies affaires »

            En juillet 2011, le député Bernard Drainville invitait les citoyens du Québec à « réfléchir au Québec qu’on veut » et à lui transmettre les résultats de leurs réflexions. Au terme de cette consultation, il concluait que « les Québécois ont mal à leur démocratie », qu’ils ont envie de changement et que, si le Parti Libéral et le Parti Québécois font partie du problème, le véritable enjeu était la rénovation de la démocratie. Bernard Drainville, fort de ses conclusions, proposa alors de réformer notre système démocratique en y introduisant, par exemple, le référendum d’initiative populaire et une forme de proportionnelle dans notre mode de scrutin.
            Dans sa chronique du 26 août 2011, Josée Boileau, chroniqueuse au journal Le Devoir, lui répondait que le désenchantement de la population face à la politique n’avait rien à voir avec les modalités de notre régime politique, qu’une démocratie trop directe équivaudrait à une véritable « dictature du peuple » et que, de toute façon, la population n’avait pas d’intérêt pour ce genre de discussion abstraite qui ne touche pas « la vraie vie » des électeurs.
            Bref, il semblerait que la rénovation de la démocratie ne tombe malheureusement pas dans la catégorie très connue des « vraies affaires », mais plutôt dans celle, moins connue, des « fausses affaires ». On pourrait certainement protester en rappelant que Bernard Drainville a reçu des centaines de courriels de gens intéressés par la démocratie québécoise ou encore que plusieurs électeurs votent pour Québec solidaire précisément parce qu’il propose d’introduire la proportionnelle dans notre mode de scrutin… Mais si Josée Boileau a raison, une question se pose : mais que sont les « vraies affaires » au juste?
            J’ai récemment obtenu une réponse (partielle) à cette question. Quel ne fut pas mon plaisir lorsque j’écoutais Alec Castonguay et Michel C. Auger, analystes à l’émission de Radio-Canada Les coulisses du pouvoir, expliquer qu’en offrant des crédits d’impôt aux Québécois, Jean Charest et François Legault faisaient une campagne moderne, inspirée des tactiques du parti conservateur du Canada, et s’adressait au vrai monde. J’avoue que je ne l’aurais pas deviné seul : les crédits d’impôt aux particuliers, ce sont les « vraies affaires »!
             Si la promesse de Jean Charest de donner 500$ à chaque Québécois qui investit dans une entreprise impliquée dans le Plan Nord ou celle de François Legault d’offrir un crédit d’impôt de 1000$ aux familles pour l’achat d’une première maison constitue une évolution du discours politique à la faveur de ce qui touche vraiment les gens, permettez-moi de douter de la santé de notre démocratie. À bas les grands principes qui guident nos gouvernements, à bas les réformes démocratiques, parlez-nous de ce que vous mettrez dans notre portefeuille. Nous voici revenus à l’époque où les candidats de l’Union nationale s’installaient sur le perron de l’église du coin pour distribuer les billets de banque à leurs électeurs potentiels, sauf que maintenant il n’est plus nécessaire de se présenter à l’Église pour recevoir les « piastres » (n’est-ce pas là le meilleur indicateur de la laïcité de l’État québécois?). Comble du ridicule, ces crédits d’impôt n’ont que peu d’impact sur l’état financier des familles.
            Il est malheureux que nos analystes politiques accordent autant d’importance à des mesures fiscales mineures, mais si peu à ce qui pourrait potentiellement devenir un projet de société à débattre. Il est probablement vrai que l’apathie politique de la dernière décennie nous a habitués au désillusionnement et au cynisme : en ce sens, on peut comprendre les journalistes de ne pas trop s’enthousiasmer devant les projets d’envergure comme celui de Bernard Drainville. Ce serait cependant un danger que de réduire de telles initiatives à des élucubrations utopistes et inutiles : le rôle des analystes politiques, après tout, n’est pas de conforter l’électorat dans son désenchantement.
            D’ailleurs, la volonté populaire en faveur d’une plus grande prise de parole citoyenne que le député du PQ constatait à l’été 2011 aura certainement été confirmée au printemps dernier. Certes, la rénovation de la démocratie québécoise n’a pas tellement été à l’ordre du jour durant la campagne électorale, mais il ne faudrait pas en faire trop hâtivement la nécrologie. Parfois, il faut attendre la montée d’une nouvelle génération de politiciens pour trouver le porte-étendard d’un projet de société ambitieux.


M.

jeudi 13 septembre 2012

Le cynisme d’un vote stratégique

Espace Public continue à s'intéresser à  la campagne électorale québécoise et aux thèmes abordés par les principaux médias et partis.

Nous vous proposons aujourd'hui un texte de Fabien Torres sur la notion du vote stratégique. Peut-on ainsi échapper à ce calcul dans le système électoral québécois?

Le cynisme d’un vote stratégique

 Là où il n’y a pas égalité de représentation, on peut poser hardiment en fait qu’il n’y a pas de démocratie. L’essence de la démocratie, c’est l’égalité; et partout où les minorités risquent d’être étouffées (…), partout où elles n’ont pas leur influence proportionnelle sur la direction des affaires publiques, le gouvernement n’est au fond qu’un gouvernement de privilège, au profit du plus grand nombre [1].

Lorsqu’on est gouverné, au niveau canadien, par le Parti Conservateur du Canada qui a recueilli 40% des voix en 2011 et qui détient 54% des sièges au Parlement Canadien et, au niveau provincial, par le Parti libéral du Québec, qui a recueilli 42% des voix en 2008 (après en avoir récolté 33% une petite année avant) et qui représente 51% des députés de l’Assemblée Nationale du Québec, il n’est pas étonnant de voir le thème du « vote stratégique » revenir à chaque campagne électorale.

Au Canada, comme au Québec, le système électoral  en vigueur est celui du scrutin uninominal majoritaire à un tour. Il est difficile de faire un système plus simple. Son premier, voire son unique avantage, est économique. Son principal inconvénient, vous vous en doutez, la représentation non-proportionnelle des partis par rapport au nombre de votes.
Il en découle plusieurs scénarios selon les différentes circonscriptions du Québec.

Premier scénario, un individu a le choix entre voter pour le parti qui a de fortes chances d’être élu, ou de perdre son vote si le parti est imbattable dans sa circonscription. Un exemple : le député libéral Jacques Chagnon de la circonscription de Westmount-Saint-Louis. En poste depuis 1994, avec 75% des voix en 2008. Les 25% des voix restantes sont donc « perdues ». Dans une telle circonscription, une connaissance m’a avoué qu’elle voterait pour le PLQ ou la CAQ, deux partis à l’opposé de ses convictions. Elle donnerait sa voix à celui qui a le moins de chances de l’emporter entre les deux afin de diminuer la victoire de l’autre. Ceci est, à mes yeux, un acte qui révèle un grand cynisme à l’égard de la politique.

Second scénario, deux ou trois candidats ont des chances de l’emporter dans une circonscription. Le citoyen doit donc choisir entre voter selon ses convictions, son « cœur », ou pour celui qui a le plus de chances de faire sortir le candidat non désiré. Ce choix « stratégique », même s’il est dans certaines circonscriptions, hautement compréhensible, reflète également un cynisme important.

En effet, voter « pour le moins pire des candidats » donne raison aux politiciens de continuer à faire de la politique comme ils le font actuellement : réponses évasives pour être rassembleur, « langue de bois », miser sur des stratégies de communications plus que sur des positions claires en faveur d’un tel ou tel projet de société. Comme le dit Josée Boileau, malgré notre ras-le-bol de cela, « les politiciens n’entendent pas. Ils
ont leurs repères, leurs conseillers, et tout le système de représentation électorale qui leur permet de ne pas sortir du moule »(voir son éditorial du 21 août). D’où le soulagement que nous a apporté Françoise David au débat des chefs. Tous ont pu reconnaitre sa prestance et, plus grave, beaucoup ont pu être étonné qu’on puisse faire de la politique ainsi. Si nous souhaitons que le profil de nos dirigeant change, arrêtons de voter « pour le moins pire », donc arrêtons de parler de vote stratégique. En attendant de changer de mode de scrutin.

Concernant le système électoral, nous parlons très souvent au Québec d’un mode de scrutin proportionnel. 25% des voix donnent une représentation de 25% à l’Assemblée. Équitable, juste, on peut voter sereinement en fonction de ses valeurs. Ceci dit, le seul pays qui l’utilise aux législatives, la Belgique, a connu en 2010-2011 la plus longue crise politique d’un état démocratique en restant 18 mois sans gouvernement  de coalition. On comprend que son inconvénient majeur de ce scrutin est le morcèlement politique qu’il peut en advenir, et la difficulté pour un gouvernement de coalition de gérer le pays (voir d’exister !). C’est en partie pour cela que certains militent pour une proportionnalité mixte. Une pétition circule d’ailleurs actuellement pour celle-ci à l’intention de Pauline Marois.
Dès lors, j’aimerais voir apparaitre, toujours un système proportionnel, le vote unique transférable, établi en Irlande, à Malte, et en Australie. Il permet de voter pour plusieurs candidats, en mettant un ordre de préférence entre ceux-là, de manière à voir sa voix être reporté sur son deuxième choix si notre premier choix n’est pas élu. La page Wikipédia explique très bien le concept pour plus de détails.

Je finirai mon point sur cela : On aura bien vu le PQ faire campagne en partie sur ce fameux vote stratégique. La vidéo «  le vote stratégique expliquée par Jean-François Lisée » l’illustre bien. Intellectuel souverainiste de gauche renommé, et candidat pour le PQ pour la première fois de son parcours politique, ce dernier désire faire une « coalition contre le cynisme de Jean Charest [2]». Bien que je respecte voir admire l’homme en question, je lui répondrais que ceux qui votent Québec Solidaire ou Option nationale, ce n’est pas juste « diviser son vote pour se faire plaisir ».

Fabien Torres



[1]BLANC L., « De la représentation proportionnelle des minorités », in BLANC L., Questions d’Aujourd’hui et de Demain, t. I, Dentu,  Paris, 1873, p. 252


mercredi 12 septembre 2012

Espace-Public

C'est avec joie que Café-Jasette s'associe à un nouveau projet : "Espace Public".

"Espace Public" se propose, à travers la production d'articles et de débats en baladodiffusions, d'apporter un regard de fond sur l'actualité et s'engage résolument dans le cadre d'une critique des médias.
Ces acteurs et actrices sont animéEs du désir de réfléchir et de jaser face à des médias qui les laissent sur leur faim, voire les frustrent. Ce projet est là pour susciter des réactions et confronter des opinions et des analyses. Il n'attend que vos commentaires et remarques pour s'épanouir et appelle évidemment avec impatience vos contributions.

Pour sa première édition nous vous proposons de revenir, après coup, sur la campagne électorale québécoise et les thèmes abordés par les principaux médias et partis.

Dans un premier texte Guillaume Tremblay aborde la notion de campagne électorale même. Qu'est-ce qu'une campagne? À qui s'adresse-t-elle?


Mascarade

Vous savez, l'année dernière, on a fêté le cinquantième anniversaire de l'obtention du droit de vote des femmes et on a aussi fêté le vingtième anniversaire de l'obtention du droit de vote des Amérindiens. Maintenant que l'on est dans une démocratie totale, il ne reste plus qu'une affaire à régler, c'est d'avoir le choix quand on va voter.

Richard Desjardins, Live au Club Soda

J’en suis déjà à la troisième itération de ce texte. En fait de son ouverture. Je voulais traiter, à partir d’un cas que je connais bien, la circonscription de Gouin où j’habite, du phénomène électoral des poteaux. Non pas les montant verticaux auxquels on appose les affiches électorales, mais ces candidats qui se présentent dans une circonscription avec aucune réelle intention de l’emporter. Ces personnes qui ne sont que l’incarnation officielle d’une présence de leur parti dans une circonscription donnée, mais qui savent d’emblée qu’ils ne récolteront au mieux que quelques centaines de voix. Je voulais adopter cet angle pour aborder certains travers spécifiques de ce qu’on appelle notre démocratie. Creusant, ne serait-ce que superficiellement, le sujet, j’ai réalisé que c’est toute la notion de campagne électorale qui m’indisposait.
            En m’interrogeant sur des subtilités, des détails d’une campagne électorale, j’ai rapidement glissé vers un questionnement plus large : qu’est-ce, au fond, qu’une campagne électorale ? Et plus précisément, à qui s’adresse une campagne ?
            Posons d’emblée que les personnes politisées, ne serait-ce que minimalement, ces personnes qui suivent l’actualité, lisent le journal, écoutent les nouvelles, savent généralement pour qui elles voteront avant même le déclenchement d’une campagne. Connaissant vaguement ce que proposent les divers partis, ou étant attachées de longue date à un même parti, la campagne n’a sur elles que bien peu d’impact si ce n’est celui d’un divertissement à saveur politique.[1] Conséquemment, on peut postuler que la campagne électorale s’adresse aux personnes qui, pour toutes sortes de raisons, ne sont pas au fait de la chose politique. La campagne devient donc le moyen pour elles de s’informer et ainsi d’orienter leur vote, mais plus encore, la campagne devient pour les partis politiques le moment idéal pour courtiser l’électorat.
                Car une campagne électorale, admettons-le, n’est pas un exercice de démocratie, c’est plutôt une immense campagne de marketing politique, un cinq semaines de rhétorique partisane où les représentants des divers partis ne cherchent pas tant à présenter ce que leur formation propose et incarne dans son essence, mais cherchent plutôt la formule qui mettra à mal leurs adversaire et les présentera sous un meilleur jour. Formaté à l’esprit médias de masse, les plateformes électorales ne sont donc pas conçues pour informer ou éduquer, mais pour convaincre un électorat. Il ne s’agit pas de convaincre quant aux idées qu’incarne un parti, mais de convaincre de voter pour un parti. La nuance est importante. Dans notre système électoral, où l’on fait passer pour de la démocratie la reddition de notre pouvoir pour les quatre années suivante, on demande aux électeurs de faire un choix sur la base de quatre ou cinq thèmes de campagne spécifiquement pensés dans le but d’obtenir des votes. Ainsi, la campagne qui devrait constituer l’apogée de l’échange politique citoyen se transforme immanquablement en mascarade.
La quintessence de cette mascarade est sans doute atteinte avec les débats des chefs. D’abord, cette insistance sur les chefs. Manière toute populiste de personnifier les différents partis, métonymie qui fait du chef ou de la cheffe l’incarnation du parti et qui fait, par extension, du ou de la gagnante du débat, le parti vainqueur. Et plus problématique encore, cette notion de vainqueur. Le débat est une joute rhétorique, ce n’est pas un échange d’idée, ce n’est pas une discussion, ce n’est en fait même pas un débat, mais un jeu. Il s’agit pour les personnes qui y participent non pas de défendre des idées, mais de trouver la bonne formule. Que retiendrons-nous du débat de Radio-Canada, que Jean Charest devrait se retenir de fanfaronner quant à la corruption ! Sommes-nous plus avancés ? Je passe par dessus le fait que tous les partis ne sont pas représentés dans ces débats, moments par excellence de visibilité médiatique et je vous demande, cherche-t-on vraiment à débattre ? Pour rester dans l’esprit, disons que cette question était rhétorique.

À l’ère de la politique spectacle, une campagne électorale semble participer de cette fabrique du consentement. Douloureux écueil au cœur de la démocratie qui conditionne les masses à consentir à leur propre domination, la campagne nous aveugle de cette idée que nous avons un pouvoir citoyen à exercer, un choix à faire. Mais que savons nous au final de ce choix ?

Guillaume Tremblay



[1] Il arrive que ces personnes au fait de la chose politique prennent leur décision lors de la campagne, mais cela me semble rarement imputable à la campagne elle-même, plutôt à l’imminence du vote qui force au choix.



samedi 25 août 2012

Qu'est-ce que la décroissance soutenable?

Les conférences Café-Jasette vous proposent le vendredi 14 septembre, dès 19h , au café La Petite Cuillère, 3603 St-Denis, une conférence intitulée : "Qu'est-ce que la décroissance soutenable?"




Extrait du "Petit vade mecum de l'objecteur de croissance", par Yves-Marie Abraham :

"En résumé, la décroissance est un appel à rompre radicalement avec les modèles de société « croissancistes », que ces modèles soient de « droite » ou de « gauche », et à inventer de nouvelles manières de vivre ensemble, vraiment démocratiques, respectueuses des valeurs d'égalité et de liberté, fondées sur le partage et la coopération, et suffisamment sobres sur le plan matériel pour être durables."

La conférence sera donnée par Yves-Marie Abraham, professeur agrégé à HEC Montréal.

L'entrée est libre et gratuite, les contributions sont volontaires pour remercier l'artiste. On fait passer le chapeau!

dimanche 10 juin 2012

Fin de la saison



Café-jasette prend ses quartiers d'été. N'hésitez pas à nous faire parvenir vos suggestions de conférence pour la prochaine saison.
Merci de nous avoir suivi cette saison et au plaisir de vous revoir à l'automne.