Café-Jasette

dimanche 30 septembre 2012

Panoramix 2.0 : le druidisme à l'ère de facebook

La conférence de ce soir est annulée et reportée à une date ultérieure.




Les conférences Café-Jasette vous proposent le vendredi 12 octobre, dès 19h , au café La Petite Cuillère, 3603 St-Denis, une conférence intitulée : "Panoramix 2.0 : le druidisme à l'ère de facebook."









La conférence sera donnée par Nicolas Boissière, doctorant en anthropologie à l'UQAM.

L'entrée est libre et gratuite, les contributions sont volontaires pour remercier le conférencier de son travail. On fait passer le chapeau!

mardi 18 septembre 2012

Vidéos de la conférence d'Yves-Marie Abraham

Voici l'enregistrement de la conférence du vendredi 14 septembre 2012 intitulée : qu'est-ce que la décroissance soutenable? Yves-Marie Abraham, professeur à HEC Montréal, était venue à La Petite Cuillère pour nous parler de ce mouvement, de sa critique de la croissance, des contre-arguments qui étaient adressées à la décroissance et des différents programmes et pistes pour la mettre en place.

En raison de la durée de l'enregistrement, celui-ci a été divisé en quatre.







                                      







Nos élèves chez les marchands de doute

Les conférences Café-Jasette vous proposent le vendredi 28 septembre, dès 19h , au café La Petite Cuillère, 3603 St-Denis, une conférence intitulée : "nos élèves chez les marchands de doute : comment faire évoluer les perceptions?"


« Vivons-nous dans un monde libre ou contrôlé? ». On ne se surprendra pas que la réponse d'adolescents à cette question prenne la mesure de leur aliénation face au monde adulte. Véritable écho des rivalités de cour d'école et nourrie par les médias sociaux qui les informent, leur conception du monde est une caisse de résonance des faits occultes qui n'intéressent pas les grands médias -- sitôt discrédités à leurs yeux pour complicité intéressée. Ce qui marque ma pratique professionnelle, moi prof au secondaire, c'est que ces croyances sont difficilement altérables et qu'on y parvient très mal en persuadant. Dans ce café jasette, je me propose donc de raconter comment discuter efficacement de conspirationnisme avec des jeunes, introduisant une approche contre-intuitive fondée sur le dialogue.

La conférence sera donnée par Jean Desjardins, professeur d'histoire-géographie au secondaire.

L'entrée est libre et gratuite, les contributions sont volontaires pour remercier le conférencier de son travail. On fait passer le chapeau!

samedi 15 septembre 2012

Les "vraies affaires"

Si l'on devait définir un projet de société à partir de la précédente campagne électorale québécoise, qu'en retiendrait-on?
Quels furent les enjeux et les idées mises en avant? par qui et pourquoi? Qui les a défini?

C'est ce que se propose d'aborder, en partie,  M. à travers son texte : Les "vraies affaires". 



Les « vraies affaires »

            En juillet 2011, le député Bernard Drainville invitait les citoyens du Québec à « réfléchir au Québec qu’on veut » et à lui transmettre les résultats de leurs réflexions. Au terme de cette consultation, il concluait que « les Québécois ont mal à leur démocratie », qu’ils ont envie de changement et que, si le Parti Libéral et le Parti Québécois font partie du problème, le véritable enjeu était la rénovation de la démocratie. Bernard Drainville, fort de ses conclusions, proposa alors de réformer notre système démocratique en y introduisant, par exemple, le référendum d’initiative populaire et une forme de proportionnelle dans notre mode de scrutin.
            Dans sa chronique du 26 août 2011, Josée Boileau, chroniqueuse au journal Le Devoir, lui répondait que le désenchantement de la population face à la politique n’avait rien à voir avec les modalités de notre régime politique, qu’une démocratie trop directe équivaudrait à une véritable « dictature du peuple » et que, de toute façon, la population n’avait pas d’intérêt pour ce genre de discussion abstraite qui ne touche pas « la vraie vie » des électeurs.
            Bref, il semblerait que la rénovation de la démocratie ne tombe malheureusement pas dans la catégorie très connue des « vraies affaires », mais plutôt dans celle, moins connue, des « fausses affaires ». On pourrait certainement protester en rappelant que Bernard Drainville a reçu des centaines de courriels de gens intéressés par la démocratie québécoise ou encore que plusieurs électeurs votent pour Québec solidaire précisément parce qu’il propose d’introduire la proportionnelle dans notre mode de scrutin… Mais si Josée Boileau a raison, une question se pose : mais que sont les « vraies affaires » au juste?
            J’ai récemment obtenu une réponse (partielle) à cette question. Quel ne fut pas mon plaisir lorsque j’écoutais Alec Castonguay et Michel C. Auger, analystes à l’émission de Radio-Canada Les coulisses du pouvoir, expliquer qu’en offrant des crédits d’impôt aux Québécois, Jean Charest et François Legault faisaient une campagne moderne, inspirée des tactiques du parti conservateur du Canada, et s’adressait au vrai monde. J’avoue que je ne l’aurais pas deviné seul : les crédits d’impôt aux particuliers, ce sont les « vraies affaires »!
             Si la promesse de Jean Charest de donner 500$ à chaque Québécois qui investit dans une entreprise impliquée dans le Plan Nord ou celle de François Legault d’offrir un crédit d’impôt de 1000$ aux familles pour l’achat d’une première maison constitue une évolution du discours politique à la faveur de ce qui touche vraiment les gens, permettez-moi de douter de la santé de notre démocratie. À bas les grands principes qui guident nos gouvernements, à bas les réformes démocratiques, parlez-nous de ce que vous mettrez dans notre portefeuille. Nous voici revenus à l’époque où les candidats de l’Union nationale s’installaient sur le perron de l’église du coin pour distribuer les billets de banque à leurs électeurs potentiels, sauf que maintenant il n’est plus nécessaire de se présenter à l’Église pour recevoir les « piastres » (n’est-ce pas là le meilleur indicateur de la laïcité de l’État québécois?). Comble du ridicule, ces crédits d’impôt n’ont que peu d’impact sur l’état financier des familles.
            Il est malheureux que nos analystes politiques accordent autant d’importance à des mesures fiscales mineures, mais si peu à ce qui pourrait potentiellement devenir un projet de société à débattre. Il est probablement vrai que l’apathie politique de la dernière décennie nous a habitués au désillusionnement et au cynisme : en ce sens, on peut comprendre les journalistes de ne pas trop s’enthousiasmer devant les projets d’envergure comme celui de Bernard Drainville. Ce serait cependant un danger que de réduire de telles initiatives à des élucubrations utopistes et inutiles : le rôle des analystes politiques, après tout, n’est pas de conforter l’électorat dans son désenchantement.
            D’ailleurs, la volonté populaire en faveur d’une plus grande prise de parole citoyenne que le député du PQ constatait à l’été 2011 aura certainement été confirmée au printemps dernier. Certes, la rénovation de la démocratie québécoise n’a pas tellement été à l’ordre du jour durant la campagne électorale, mais il ne faudrait pas en faire trop hâtivement la nécrologie. Parfois, il faut attendre la montée d’une nouvelle génération de politiciens pour trouver le porte-étendard d’un projet de société ambitieux.


M.

jeudi 13 septembre 2012

Le cynisme d’un vote stratégique

Espace Public continue à s'intéresser à  la campagne électorale québécoise et aux thèmes abordés par les principaux médias et partis.

Nous vous proposons aujourd'hui un texte de Fabien Torres sur la notion du vote stratégique. Peut-on ainsi échapper à ce calcul dans le système électoral québécois?

Le cynisme d’un vote stratégique

 Là où il n’y a pas égalité de représentation, on peut poser hardiment en fait qu’il n’y a pas de démocratie. L’essence de la démocratie, c’est l’égalité; et partout où les minorités risquent d’être étouffées (…), partout où elles n’ont pas leur influence proportionnelle sur la direction des affaires publiques, le gouvernement n’est au fond qu’un gouvernement de privilège, au profit du plus grand nombre [1].

Lorsqu’on est gouverné, au niveau canadien, par le Parti Conservateur du Canada qui a recueilli 40% des voix en 2011 et qui détient 54% des sièges au Parlement Canadien et, au niveau provincial, par le Parti libéral du Québec, qui a recueilli 42% des voix en 2008 (après en avoir récolté 33% une petite année avant) et qui représente 51% des députés de l’Assemblée Nationale du Québec, il n’est pas étonnant de voir le thème du « vote stratégique » revenir à chaque campagne électorale.

Au Canada, comme au Québec, le système électoral  en vigueur est celui du scrutin uninominal majoritaire à un tour. Il est difficile de faire un système plus simple. Son premier, voire son unique avantage, est économique. Son principal inconvénient, vous vous en doutez, la représentation non-proportionnelle des partis par rapport au nombre de votes.
Il en découle plusieurs scénarios selon les différentes circonscriptions du Québec.

Premier scénario, un individu a le choix entre voter pour le parti qui a de fortes chances d’être élu, ou de perdre son vote si le parti est imbattable dans sa circonscription. Un exemple : le député libéral Jacques Chagnon de la circonscription de Westmount-Saint-Louis. En poste depuis 1994, avec 75% des voix en 2008. Les 25% des voix restantes sont donc « perdues ». Dans une telle circonscription, une connaissance m’a avoué qu’elle voterait pour le PLQ ou la CAQ, deux partis à l’opposé de ses convictions. Elle donnerait sa voix à celui qui a le moins de chances de l’emporter entre les deux afin de diminuer la victoire de l’autre. Ceci est, à mes yeux, un acte qui révèle un grand cynisme à l’égard de la politique.

Second scénario, deux ou trois candidats ont des chances de l’emporter dans une circonscription. Le citoyen doit donc choisir entre voter selon ses convictions, son « cœur », ou pour celui qui a le plus de chances de faire sortir le candidat non désiré. Ce choix « stratégique », même s’il est dans certaines circonscriptions, hautement compréhensible, reflète également un cynisme important.

En effet, voter « pour le moins pire des candidats » donne raison aux politiciens de continuer à faire de la politique comme ils le font actuellement : réponses évasives pour être rassembleur, « langue de bois », miser sur des stratégies de communications plus que sur des positions claires en faveur d’un tel ou tel projet de société. Comme le dit Josée Boileau, malgré notre ras-le-bol de cela, « les politiciens n’entendent pas. Ils
ont leurs repères, leurs conseillers, et tout le système de représentation électorale qui leur permet de ne pas sortir du moule »(voir son éditorial du 21 août). D’où le soulagement que nous a apporté Françoise David au débat des chefs. Tous ont pu reconnaitre sa prestance et, plus grave, beaucoup ont pu être étonné qu’on puisse faire de la politique ainsi. Si nous souhaitons que le profil de nos dirigeant change, arrêtons de voter « pour le moins pire », donc arrêtons de parler de vote stratégique. En attendant de changer de mode de scrutin.

Concernant le système électoral, nous parlons très souvent au Québec d’un mode de scrutin proportionnel. 25% des voix donnent une représentation de 25% à l’Assemblée. Équitable, juste, on peut voter sereinement en fonction de ses valeurs. Ceci dit, le seul pays qui l’utilise aux législatives, la Belgique, a connu en 2010-2011 la plus longue crise politique d’un état démocratique en restant 18 mois sans gouvernement  de coalition. On comprend que son inconvénient majeur de ce scrutin est le morcèlement politique qu’il peut en advenir, et la difficulté pour un gouvernement de coalition de gérer le pays (voir d’exister !). C’est en partie pour cela que certains militent pour une proportionnalité mixte. Une pétition circule d’ailleurs actuellement pour celle-ci à l’intention de Pauline Marois.
Dès lors, j’aimerais voir apparaitre, toujours un système proportionnel, le vote unique transférable, établi en Irlande, à Malte, et en Australie. Il permet de voter pour plusieurs candidats, en mettant un ordre de préférence entre ceux-là, de manière à voir sa voix être reporté sur son deuxième choix si notre premier choix n’est pas élu. La page Wikipédia explique très bien le concept pour plus de détails.

Je finirai mon point sur cela : On aura bien vu le PQ faire campagne en partie sur ce fameux vote stratégique. La vidéo «  le vote stratégique expliquée par Jean-François Lisée » l’illustre bien. Intellectuel souverainiste de gauche renommé, et candidat pour le PQ pour la première fois de son parcours politique, ce dernier désire faire une « coalition contre le cynisme de Jean Charest [2]». Bien que je respecte voir admire l’homme en question, je lui répondrais que ceux qui votent Québec Solidaire ou Option nationale, ce n’est pas juste « diviser son vote pour se faire plaisir ».

Fabien Torres



[1]BLANC L., « De la représentation proportionnelle des minorités », in BLANC L., Questions d’Aujourd’hui et de Demain, t. I, Dentu,  Paris, 1873, p. 252


mercredi 12 septembre 2012

Espace-Public

C'est avec joie que Café-Jasette s'associe à un nouveau projet : "Espace Public".

"Espace Public" se propose, à travers la production d'articles et de débats en baladodiffusions, d'apporter un regard de fond sur l'actualité et s'engage résolument dans le cadre d'une critique des médias.
Ces acteurs et actrices sont animéEs du désir de réfléchir et de jaser face à des médias qui les laissent sur leur faim, voire les frustrent. Ce projet est là pour susciter des réactions et confronter des opinions et des analyses. Il n'attend que vos commentaires et remarques pour s'épanouir et appelle évidemment avec impatience vos contributions.

Pour sa première édition nous vous proposons de revenir, après coup, sur la campagne électorale québécoise et les thèmes abordés par les principaux médias et partis.

Dans un premier texte Guillaume Tremblay aborde la notion de campagne électorale même. Qu'est-ce qu'une campagne? À qui s'adresse-t-elle?


Mascarade

Vous savez, l'année dernière, on a fêté le cinquantième anniversaire de l'obtention du droit de vote des femmes et on a aussi fêté le vingtième anniversaire de l'obtention du droit de vote des Amérindiens. Maintenant que l'on est dans une démocratie totale, il ne reste plus qu'une affaire à régler, c'est d'avoir le choix quand on va voter.

Richard Desjardins, Live au Club Soda

J’en suis déjà à la troisième itération de ce texte. En fait de son ouverture. Je voulais traiter, à partir d’un cas que je connais bien, la circonscription de Gouin où j’habite, du phénomène électoral des poteaux. Non pas les montant verticaux auxquels on appose les affiches électorales, mais ces candidats qui se présentent dans une circonscription avec aucune réelle intention de l’emporter. Ces personnes qui ne sont que l’incarnation officielle d’une présence de leur parti dans une circonscription donnée, mais qui savent d’emblée qu’ils ne récolteront au mieux que quelques centaines de voix. Je voulais adopter cet angle pour aborder certains travers spécifiques de ce qu’on appelle notre démocratie. Creusant, ne serait-ce que superficiellement, le sujet, j’ai réalisé que c’est toute la notion de campagne électorale qui m’indisposait.
            En m’interrogeant sur des subtilités, des détails d’une campagne électorale, j’ai rapidement glissé vers un questionnement plus large : qu’est-ce, au fond, qu’une campagne électorale ? Et plus précisément, à qui s’adresse une campagne ?
            Posons d’emblée que les personnes politisées, ne serait-ce que minimalement, ces personnes qui suivent l’actualité, lisent le journal, écoutent les nouvelles, savent généralement pour qui elles voteront avant même le déclenchement d’une campagne. Connaissant vaguement ce que proposent les divers partis, ou étant attachées de longue date à un même parti, la campagne n’a sur elles que bien peu d’impact si ce n’est celui d’un divertissement à saveur politique.[1] Conséquemment, on peut postuler que la campagne électorale s’adresse aux personnes qui, pour toutes sortes de raisons, ne sont pas au fait de la chose politique. La campagne devient donc le moyen pour elles de s’informer et ainsi d’orienter leur vote, mais plus encore, la campagne devient pour les partis politiques le moment idéal pour courtiser l’électorat.
                Car une campagne électorale, admettons-le, n’est pas un exercice de démocratie, c’est plutôt une immense campagne de marketing politique, un cinq semaines de rhétorique partisane où les représentants des divers partis ne cherchent pas tant à présenter ce que leur formation propose et incarne dans son essence, mais cherchent plutôt la formule qui mettra à mal leurs adversaire et les présentera sous un meilleur jour. Formaté à l’esprit médias de masse, les plateformes électorales ne sont donc pas conçues pour informer ou éduquer, mais pour convaincre un électorat. Il ne s’agit pas de convaincre quant aux idées qu’incarne un parti, mais de convaincre de voter pour un parti. La nuance est importante. Dans notre système électoral, où l’on fait passer pour de la démocratie la reddition de notre pouvoir pour les quatre années suivante, on demande aux électeurs de faire un choix sur la base de quatre ou cinq thèmes de campagne spécifiquement pensés dans le but d’obtenir des votes. Ainsi, la campagne qui devrait constituer l’apogée de l’échange politique citoyen se transforme immanquablement en mascarade.
La quintessence de cette mascarade est sans doute atteinte avec les débats des chefs. D’abord, cette insistance sur les chefs. Manière toute populiste de personnifier les différents partis, métonymie qui fait du chef ou de la cheffe l’incarnation du parti et qui fait, par extension, du ou de la gagnante du débat, le parti vainqueur. Et plus problématique encore, cette notion de vainqueur. Le débat est une joute rhétorique, ce n’est pas un échange d’idée, ce n’est pas une discussion, ce n’est en fait même pas un débat, mais un jeu. Il s’agit pour les personnes qui y participent non pas de défendre des idées, mais de trouver la bonne formule. Que retiendrons-nous du débat de Radio-Canada, que Jean Charest devrait se retenir de fanfaronner quant à la corruption ! Sommes-nous plus avancés ? Je passe par dessus le fait que tous les partis ne sont pas représentés dans ces débats, moments par excellence de visibilité médiatique et je vous demande, cherche-t-on vraiment à débattre ? Pour rester dans l’esprit, disons que cette question était rhétorique.

À l’ère de la politique spectacle, une campagne électorale semble participer de cette fabrique du consentement. Douloureux écueil au cœur de la démocratie qui conditionne les masses à consentir à leur propre domination, la campagne nous aveugle de cette idée que nous avons un pouvoir citoyen à exercer, un choix à faire. Mais que savons nous au final de ce choix ?

Guillaume Tremblay



[1] Il arrive que ces personnes au fait de la chose politique prennent leur décision lors de la campagne, mais cela me semble rarement imputable à la campagne elle-même, plutôt à l’imminence du vote qui force au choix.